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« D’un cœur qui t’aime, mon Dieu », quelle musique convient à ta louange ? Telle est la question que les compositeurs du XIXe siècle, appelés à écrire de la musique religieuse, n’ont cessé de se poser. Autrement dit, comment faire de l’expression de la foi chrétienne une condition de l’Art, et quel parti esthétique adopter pour atteindre cet objectif ? Pendant tout le siècle, l’espace ecclésial est le lieu d’un débat qui concerne l’appropriation de la musique vocale à la dignité du culte, dans le respect des contraintes liturgiques. De plus, la restauration du plain-chant impose de nouveaux critères de style à l’énonciation musicale du texte sacré. L’expression, cette notion à laquelle, dans le sillage du romantisme, le goût musical du siècle se montre passionnément attaché, est le nœud du problème.

Faut-il que le musicien d’église la repousse et, pour cela, revienne, dans le renoncement de soi, à la polyphonie palestrinienne, admise comme la forme canonique du « beau idéal », ou bien peut-il céder aux accents de la subjectivité, secondé par cet orateur sacré qu’est l’organiste jouant de ces instruments nouvellement dotés de « jeux expressifs » ? En un mot, peut-on convaincre les fidèles sans chercher à les séduire quand le théâtre lyrique, et les arrangements de tous ordres qu’il produit en vue du concert privé ou public, ne vise que ce but ? Quand, parmi les cantiques les plus chantés, plusieurs sont des parodies d’airs d’opéras ? Au long du siècle, diverses solutions sont essayées en matière d’expression musicale religieuse, que ce soit à l’intérieur ou en dehors du cadre liturgique, chacune exerçant une stimulation bénéfique sur l’inventivité du compositeur. Sous le Second Empire, la production de motets est influencée par le développement de la piété mariale - le dogme de l’Immaculée Conception de Marie est défini par Pie IX en 1854 – et par l’humanisation de la figure christique - la solennité du Sacré-Cœur est étendue à toute l’Eglise catholique romaine deux ans plus tard.

L’expression orante de l’amour sacré qui exalte l’esprit de sacrifice et celle, encline au sensualisme sentimental, de l’amour profane s’accordent avec retenue. Et s’il arrive encore qu’on juge le résultat contestable du point de vue esthétique, on rappellera qu’esthétique, le catholicisme restauré par le Concordat de 1801 l’était devenu sous l’influence durable du Génie du christianisme de Chateaubriand paru l’année suivante, véritable manifeste apologétique en faveur d’une religion sensible, considérée comme l’inspiratrice séculaire des réalisations artistiques les plus haute.

Mais sensibilité ne veut pas dire sensiblerie. Il n’est qu’à écouter le programme proposé par le Chœur de chambre « Les Temperamens Variations » pour s’en convaincre. Et pour remarquer d’abord que les quatre noms qu’il réunit sont ceux de compositeurs qui doivent au théâtre lyrique autant qu’à la musique d’église une part de leur renommée. Que tous les quatre ont manifesté pour l’orgue et ses perfectionnements un vif intérêt ; que tous les quatre enfin ont occupé des positions institutionnelles.

 

Joël-Marie Fauquet